Prélude de Pan

Texte de Jean Giono

spectacle d'une heure

 

 
 

   Gaël Mevel : violoncelle et voix

 

Dans sa forme théatrâle, le spectacle est mis en lumière par Flore Dupont

 

"un spectacle hors normes."
la dépêche du midi

 
 

 

Un texte extraordinaire de Jean Giono, d'une force rare, mis en musique et dit par Gaël Mevel.
Giono pose le question de la place de l'homme et de son animalité.

C'est la fête annuelle au village.
Les cafés sont pleins.
Un homme étrange entre dans le village et voit un bûcheron , au café du centre, maltraiter une colombe.
Il transforme la fête en un moment de folie où les hommes et les bêtes vont se mêler.

 

 
 

vidéo

 
 

 

  Ce spectacle a été imaginé autour du texte de Jean Giono "Prélude de Pan"
(extrait du recueil de nouvelles “Solitude de la pitié” écrit par Jean Giono en 1932).

  La musique a été créée pour ce spectacle, pour ce texte.

   Gaël Mevel dit le texte en même temps qu'il l'accompagne au violoncelle, créant ainsi une formidable osmose entre la musique et les mots, entre la musicalité du texte et la création musicale. Il puise dans son expérience des musiques improvisées et aussi dans son expérience de créateur pour le cinéma muet, sa capacité à trouver la matière musicale qui fera éclore le texte.
Il puise aussi dans son expérience du théâtre musical la possibilité de faire danser ensemble la musique et les mots.


  Le texte “Prélude de Pan” est unique dans l’oeuvre de Jean Giono, un texte extraordinaire qui puise dans la mythologie, la magie et l’écoute de la nature sa puissance et son originalité. Sa musicalité appelle la voix qui doit s’engager pour parler de la profondeur de ce qui nous lie à la nature et que nous avons oublié.


Qu’avons nous oublié et qui nous fait défaut ?
Quel rapport entretenons nous avec les animaux, et avec notre propre animalité ?
Où est la barrière qui nous sépare des animaux ?


La fête du village se transformera, par la venue d’un homme étrange, en moment de folie, un moment où, sans discernement, les hommes et les bêtes ne feront plus qu’un, cherchant malgré eux dans la fureur une voix pour annihiler les barrières.

 
 

Dans Babin ( août 2018 )

 

 
 

 

Presse

   "  L’univers intime du musicien Gaël Mevel pour son interprétation du «Prélude de Pan», une nouvelle de Jean Giono, s’accordait parfaitement avec la prose de l’auteur provençal.
Avec sa grande sensibilité et une imagination musicale débridée, le musicien conteur nous emporte au-delà de la puissance du texte sur les cordes de son instrument, duquel il fait résonner une richesse de tonalités surprenantes. Dissonances pathétiques, explosions musicales ou mélodies lancinantes et nostalgiques enveloppent sa diction au débit rapide et clair. Autour du traditionnel «grignoti» , chacun aura pu exprimer son émotion face à ce spectacle hors normes."

La dépêche du midi

 
   
 

 

 

 

à Sainte Foi Ariège

 

 
 

 

extrait du texte

 

    L'homme avait la colombe sur son épaule. II se tourna vers elle et lui parla dans le langage des oiseaux. II soupira. La large main de Boniface était toujours tendue de son côté.
    - Allons...
    - Je la garde, dit l'homme.
    - Ca !... eut seulement le temps de dire Boniface tant il était comme écrasé par le sang-plan de l'homme, ça alors !... et il se dressa en faisant craquer la chaise. II était dans notre salle à boire, debout comme un tronc de chêne.
    Et il resta comme ça, parce que l'autre continuait, de sa petite voix tranquille. Cette voix, dés entendue, on ne pouvait plus bouger ni bras ni jambes. On se disait : « Mais, j'ai déjà entendu ça ? » et on avait la tête pleine d'arbres et d'oiseaux, et de pluie, et de vent, et du tressautement de la terre.
   - Je la garde, disait l'homme. Elle est à moi. De quel droit, toi, tu l'as prise, et tu l'as tordue ? De quel droit, toi, le fort, le solide, tu as écrasé la bête grise ? Dis-moi ! Ca a du sang, ça, comme toi ;  ça a le sang de la même couleur et ça a le droit au soleil et au vent, comme toi. Tu n'as pas plus de droit que la bête. On t'a donné la même chose à elle et à toi. T'en prends assez avec ton nez, t'en prends assez avec tes yeux. T'as du en écraser des choses pour être si gros que ça... au milieu de la vie. T'as pas compris que, jusqu’à présent, c'était miracle que tu aies pu tuer et meurtrir et puis vivre, toi, quand même, avec la bouche pleine de sang, avec ce ventre plein de sang ? T'as pas compris que c'était miracle que tu aies pu digérer tout ce sang et toute cette douleur que tu as bus ? Et alors, pourquoi ?
    On était tous comme des bûches mortes alignées au bord du chemin.
    - II est fou celui-la, dit Boniface.
    - Non, il n'est pas fou, redit l'homme, c'est toi qui es fou. N'est-ce pas folie que de meurtrir ça, vois !
    II prit délicatement la colombe sur son épaule. Il avait des gestes doux, avec elle. Elle était là, dans ses mains a roucouler tout gentiment. Et il déploya la pauvre aile morte, et il la faisait voir à tous, ballante, sans vie, comme une chose retranchée du monde. Et nous, nous avons fait alors : Oh ! Oh ! tous ensemble. Et ça n'était pas à la gloire de Boniface.
    - Encore une fois, qu'il fait le gros, tu me la rends, ma bête ?
    - Je t'ai dit : non. Je la garde. Tu t'en sers trop mal.
    - Alors on les regarda, parce que, Boniface, on le connaît. C'est pas un trop mauvais garçon, mais quand on le bute, quand on y va trop par le revers, ma foi, il n'est pas le dernier a sortir ses poings. Et on pensait : il est allé un peu fort, l’étranger.
    Antoine parut sur le seuil de la cuisine.
    La salle à boire n'est pas très grande ; d'un pas, Boniface pouvait être au fond. II fit ce pas, il dressa son bras qui était comme une branche maîtresse, son poing au bout comme une courge...
    Et il resta, comme ça, le bras en l'air.

 

 
 

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